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ORDONNANCES NOTIFIÉES
A NOS  CHÈRES FILLES LES RELIGIEUSES
DE SAINTE-URSULE DE MEAUX,
AU CHAPITRE TENU DANS LEUR CHOEUR,

 

Le 4 avril 1685,

 

Pour conclusion de la visite régulière par nous faite les jours précédents (a).

 

L'office divin sera chanté sans précipitation et avec le plus de décence que faire se pourra , sans qu'un chœur anticipe sur un autre et gardant la médiation ; toutes s'affectionneront au chant, et aucune ne s'en dispensera sans nécessité.

 

(a) Après avoir fait le chapitre dans la visite pastorale dont on a déjà parlé, le saint évêque donna aux filles de Sainte-Ursule les ordonnances et les instructions qu'on lira dans le texte.

Les ordonnances, de même que le titre, ont été écrites de la main de Bossuet; au contraire les instructions nous ont été conservées par une religieuse. On ne peut donc pas s'autoriser, comme l'a fait dernièrement un lexicographe trompé par les éditeurs, du nom de Bossuet pour justifier les mots qu'elles renferment, par exemple celui de Auscultatrice. Nous donnons ci-dessous ces instructions.

Voici, mes chères Filles, les ordonnances et les articles que j'ai dressés poulie bon règlement de cette maison. Je n'ai pas trouvé nécessaire d'en faire un si grand nombre; je me suis contenté de vous en donner seulement quelques-uns à observer, que voici, vous renvoyant cependant aux ordonnances de visite ci-devant faites fort amplement, en l'aimée 1669, dans lesquelles j'ai trouvé toutes choses expliquées fort au long : vous observerez tout ce qui vous y est ordonné : c'est mon intention, spécialement pour les parloirs : n'y demeurer que le temps marqué par la règle. L'on n'y demeurera pas durant l’office divin et les observances, tant que faire se pourra, ni pendant Les temps et les heures du silence, l'on n'y parlera point de choses qui puissent scandaliser les personnes séculières ni les auscultatrices. Bref, vous vous y tiendrez dans la retenue et la modestie religieuse, convenables à votre état.

 

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Mes Filles, ayez du zèle et de la ferveur pour bien chanter les louanges de Dieu. Quand l'office est bien chanté, sachez que tout le reste va bien ; au contraire, quand on ne s'acquitte pas bien de ses devoirs dans le divin office, on peut dire que rien n'est bien dans une maison. C'est une occupation sainte qui mérite toutes vos attentions : c'est la plus grande et la plus digne que vous puissiez avoir sur la terre, puisque vous avez l'honneur de parler à Dieu. Quand vous chantez ses louanges, vous faites ici-bas ce que les anges font dans le ciel. Acquittez-vous donc de cette excellente et sublime action le plus parfaitement que vous pourrez : apportez-y toute l'application nécessaire, et faites en sorte qu'un chœur n'anticipe pas sur l'autre. La sainte Eglise commande que l'office divin soit fait sans interruption : ces anticipations d'un chœur à l'autre font des interruptions en ce saint exercice ; c'est pourquoi faites les pauses, et observez exactement la médiation.

Ici, mes Filles, faites une belle réflexion. Il est remarqué dans la sainte Ecriture qu'il se fit un grand silence dans le ciel (1) ; et que les anges, durant ce silence, rendaient leurs hommages et leurs adorations à la suprême majesté de Dieu. Que signifie ce silence mystérieux que firent les anges dans le ciel ? Il doit vous imprimer un profond respect pour la majesté de Dieu, lorsque vous chantez ses louanges ; c'est pour vous apprendre par ces célestes intelligences que toute créature, soit au ciel ou en la terre, doit demeurer dans le silence et se taire pour adorer et admirer la grandeur de Dieu. Admirez donc et adorez celui à qui vous avez l'honneur de parler : faites de temps en temps ce silence à l'imitation des anges, observant bien la médiation ; et puis derechef chantez comme eux alternativement, chœur à chœur, les louanges de votre Créateur et Seigneur. Si chacune avait application à faire cet acte d'adoration et d'admiration dans le temps de la médiation, il serait plutôt à craindre qu'elle fût trop longue que trop courte.

Les Sœurs éviteront toute partialité , spécialement dans les choses où il est besoin d'avoir recours à notre autorité pour être pourvu au bien commun, et s'abstiendront d'en faire des

 

1 Apoc., VIII,1.

 

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entretiens inutiles : elles se contenteront de nous représenter les vues qu'elles en auront, demeurant cependant en paix et se conformant avec soumission aux ordres qui leur seront donnés dans le temps.

Dans les visites l'une ne suggérera pas à l'autre ce qu'elle dira : chacune déclarera ses pensées avec simplicité. L'on a fait quelques fautes dans cette visite sur cet article ; ce qui m'a obligé de vous en faire avertir, en ayant eu connaissance. Cet avis vous servira dans les visites à venir; on n'a pas observé cela en cette visite-ci ; il faudra y prendre gardé dans les autres. Soyez plus fidèles, mes Filles, que vous ne l'avez été en celle-ci.

On évitera les amitiés privées et communications secrètes, sous telle peine qu'il conviendra décerner : les vocales qui récidiveront dans cette faute avec scandale, seront privées du chapitre ; de même, si elles déclarent aux personnes intéressées ce qui aura été dit contre elles.

Pour les amitiés particulières et communications dangereuses, je veux que vous les évitiez comme les pertes de la religion, et que vous les fuyiez comme des sources de division et de vices. Ayez-les en horreur, et qu'il ne s'en trouve jamais dans cette communauté de semblables. Je n'entends pas toutefois par là défendre absolument tous entretiens et communications; j'en trouve parmi vous de saints et de bons, qui sont même utiles : ils le seront toujours, s'ils ont les conditions qu'il faut pour être parfaits; savoir qu'ils soient rares, brefs, modestes et avec permission de l'obéissance ; s'ils sont réglés de la sorte, je ne les désapprouverai pas.

A l'égard du secret du chapitre, que les vocales soient là-dessus fort réservées. Vous savez par expérience les inconvénients qui en sont arrivés par le passé : il pourrait encore en arriver de plus grands à l'avenir, si vous n'y veilliez autrement; prenez-y garde : voici un article de conséquence; pensez-y, mes Filles.

Les Sœurs n'entreront pas dans les cellules les unes des autres sans permission de la mère supérieure; on se gardera bien d'en emporter secrètement d'autorité privée, ni livres, ni écrits, sous peine de désobéissance.

 

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Elles se rendront ponctuelles au confessionnal, de manière que le confesseur ne perde point le temps à les attendre.

Je vous exhorte, mes Filles, d'être fort exactes et fidèles à cette ordonnance pour la confession. Ce n'est pas avoir du respect pour le ministre de Jésus-Christ, que de le faire attendre au confessionnal après vous. Que chacune de vous soit à l'avenir plus diligente à se trouver, aux jours prescrits, aux heures marquées pour la confession. Le temps que vous faites perdre ainsi au confesseur serait plus utilement employé à prier pour vous, et à présenter à Notre-Seigneur tous vos besoins, pour lui demander les lumières nécessaires pour travailler au salut et à la perfection de vos âmes, dont il est chargé par son ministère. Quand vous allez au sacrement de pénitence, soyez pénétrées d'une forte componction de cœur : allez-y avec respect, avec humilité, avec soumission et surtout avec confiance, comme à Jésus-Christ même, de qui le confesseur tient la place. Ne faites point de certaines distinctions par rapport à l'homme : entrez dans l'esprit de la foi, fermant les yeux à toutes les vues humaines : n'envisagez uniquement que Jésus-Christ en la personne du confesseur, qui vous le représente pour lors en qualité de votre juge. Allez donc à ce tribunal avec un esprit sérieux, et soyez pénétrées d'une sainte frayeur, en vous considérant comme une criminelle en la présence de son juge.

Imitez la Madeleine, mes Filles, et souvenez-vous de sa diligence et de sa ferveur, lorsqu'elle allait trouver Jésus-Christ pour entendre sa parole et pour obtenir la rémission de ses offenses. Quand elle savait le lieu où Notre-Seigneur était et quand elle apprenait qu'il la demandait, jamais Madeleine ne s'en excusait : elle ne se faisait pas appeler plusieurs fois; mais promptement et sans différer, elle s'allait jeter aux pieds de Jésus-Christ pour entendre ces favorables paroles : Tes péchés te sont pardonnes. Voilà, mes Filles, votre modèle; imitez cette illustre pénitente ; animez-vous par l'exemple de cette grande Sainte. Si vous aviez plus de foi, vous auriez de même un saint empressement de vous aller jeter aux pieds de votre confesseur, afin d'entendre les mêmes paroles d'absolution pour la rémission de vos péchés, puisqu'il vous

 

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représente Jésus-Christ dans ce sacrement. Si l'on s'occupait de ces pensées, on se tiendrait devant le confesseur avec tout le respect et la modestie requise : on l'écouterait avec humilité, avec soumission , en esprit de foi : on se préparerait sérieusement ; on se garderait bien de se répandre en des discours frivoles, et l'on ne dissiperait pas son esprit vainement, au lieu de se disposer à une si sainte et si grande action.

Les religieuses du Juvenat seront sous la conduite de la mère assistante : cependant la mère supérieure continuera d'en prendre soin jusqu'à la fin de janvier prochain.

Pour de bonnes raisons, jugées telles par les supérieurs, on a trouvé à propos d'en décharger ladite mère assistante durant ce triennal; cependant dans le temps elle en aura la direction, comme il est convenable à sa charge.

Les Sœurs prendront garde qu'elles ne s'ouvrent de rien , par aucune voie, aux pensionnaires et autres du dehors, des affaires ou difficultés qui pourraient arriver au dedans.

On ne donnera point deux charges de discrètes à la même personne sans nécessité, et qu'avec une mûre délibération des supérieurs.

Nous renouvelons les ordonnances des visites ci-devant faites.

Nous ordonnons que les présentes, et les autres ci-devant faites depuis l'année 1669, seront lues de trois mois en trois mois, et nous chargeons la mère supérieure de les faire lire et observer, et de tenir la main à l'exécution exacte.

 

Donné le 27 avril 1685.

 

+ J. BÉNIGNE, Evêque de Meaux.

 

A LA MÈRE  SUPÉRIEURE.

 

Ma Mère, je vous charge d'avoir l'œil et de tenir fortement la main à ce que toutes nos intentions et nos ordonnances soient soigneusement observées dans cette maison. Ne souffrez point de plaintes ni de murmures; prenez garde que l'on aie pour les ministres du Seigneur le respect qui est dû à leur caractère. Ne souffrez

 

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pas non plus que vos Sœurs s'emportent, et empêchez qu'il ne se dise rien qui puisse altérer la charité et troubler la paix de cette communauté. Avertissez-nous dans ces occasions, et faites-nous connaître celles qui transgresseraient nos ordres. Faites surtout garder ce silence si nécessaire, que j'ai tant recommandé : et de toutes ces choses, je souhaite et je prétends que vous m'en rendiez compte, et je vous enjoins de le faire de temps en temps ; moi-même je vous en interrogerai, et je m'informerai si elles sont religieusement observées.

Et vous, mes Filles, je vous exhorte derechef de travailler incessamment à votre perfection dans la paix et dans le silence. Que chacune de vous ne pense plus qu'à cette unique affaire, et à se bien acquitter de ce que l'obéissance vous donne à faire, chacune dans vos obédiences. Travaillez et agissez dans l'esprit de Jésus-Christ; prenez-le pour votre modèle dans toutes vos actions : voyez avec quelle perfection et obéissance il servait Joseph et Marie ; c'était son obédience que de leur être sujet et soumis en toutes ses actions, durant sa vie cachée : considérez bien ce bel exemple et vous y conformez parfaitement en cette vie, afin que vous puissiez être un jour unies éternellement à lui dans la bienheureuse vie de la gloire céleste.

 

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