Trinité
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SERMON POUR
LE JOUR DE LA TRÈS-SAINTE TRINITÉ (a).

 

Pater agie, tereson autous en o onomati sou, ous dedokas moi, ina osin en kathos emeis.

 

Pater sancte, serra eos in nomine tuo quos dedisti mihi, ut sint unum sicut et nos.

 

Père saint, gardez en votre nom ceux que vous m'avez donnés, afin qu'ils soient un comme nous. Joan., XVII, 11.

 

Quand je considère en moi-même l'éternelle félicité que notre Dieu nous a préparée ; quand je songe que nous verrons sans obscurité tout ce que nous croyons sur la terre, que cette lumière inaccessible nous sera ouverte, et que la Trinité adorable nous découvrira ses secrets ; que là nous verrons le vrai Fils de Dieu sortant éternellement du sein de son Père et demeurant éternellement dans le sein du Père; que nous verrons le Saint-Esprit, ce torrent de flamme, procéder des embrassements mutuels que se donnent le Père et le Fils, ou plutôt qui est lui-même l'embrassement, l'amour et le baiser du Père et du Fils ; que nous verrons cette unité si inviolable que le nombre n'y peut apporter de division , et ce nombre si bien ordonné que l'unité n'y met pas de confusion (b), mon âme est ravie, chrétiens, de l'espérance d'un si beau spectacle, et je ne puis que je ne m'écrie avec le Prophète : « Que vos tabernacles sont beaux , ô Dieu des armées ! mon cœur languit et soupire après la maison du Seigneur (1). » Et puisque

 

1 Psal. LXXXIII, 1.

 

(a) Prêché vers 1659.

Le lecteur admirera la solide doctrine, les larges aperçus, les profondes pensées qui distinguent ce sermon; mais il y remarquera aussi plusieurs expressions semblables à celles-ci : « Accoutumance, chicanerie, le divin capitaine, etc. » Il faut donc placer la date de ce discours pour ainsi dire aux contins de la première et de la deuxième époque. On sait d'ailleurs que Bossuet, dans cette période intermédiaire, citait quelquefois l'Ecriture sainte dans le texte grec.

(b) Var. : N’y apporte pas.

 

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notre unique consolation dans ce misérable pèlerinage , c'est de penser aux biens éternels que nous attendons en la vie future, entretenons-nous ici-bas, mes Frères, des merveilles que nous verrons dans le ciel, et parlons, quoiqu'en bégayant, des secrets et ineffables mystères qui nous seront un jour découverts dans la sainte cité de Sion, dans la cité de notre Dieu, « que Dieu a fondée éternellement (1). » Mais d'autant que ceux-là pénètrent le mieux les secrets divins, qui s'abaissent plus profondément devant Dieu, prosternons-nous de cœur et d'esprit devant cette Majesté infinie; et afin qu'elle nous soit favorable , prions la Mère de miséricorde qu'elle nous impètre par ses prières cet Esprit qui la remplit si abondamment, lorsque l'ange l'eut saluée par ces paroles que nous lui disons : Ave, Maria.

 

Cette Trinité incréée , souveraine, toute-puissante , incompréhensible, afin de nous donner quelque idée de sa perfection infinie, a fait une Trinité créée sur la terre , et a voulu imprimer en ses créatures une image de ce mystère ineffable, qui associe le nombre avec l'unité d'une manière si haute et si admirable. Si vous désirez savoir, chrétiens, quelle est cette Trinité créée dont je parle, ne regardez point le ciel, ni la terre, ni les astres, ni les éléments, ni toute cette diversité qui nous environne ; rentrez en vous-mêmes, et vous la verrez ; c'est votre âme, c'est votre intelligence, c'est votre raison qui est cette Trinité dépendante en laquelle est représentée cette Trinité souveraine. C'est pourquoi nous voyons dans les Ecritures et dans la création de cet univers , que la Trinité n'y paraît que lorsque Dieu se résout de produire l'homme. Remarquez que tous ses autres ouvrages sont faits par une parole de commandement, et l'homme par une parole de consultation : « Que la lumière soit faite, que le firmament soit fait, » Fiat lux (2); c'est une parole de commandement. L'homme est créé d'une autre manière, qui a quelque chose de plus magnifique. Dieu ne dit pas : Que l'homme soit fait; mais toute la Trinité assemblée prononce par un conseil commun : « Faisons l'homme à notre image et ressemblance (3). » Quelle est cette nouvelle façon de parler, et

 

1 Psal. XLVII, 9. — 2 Genes., I, 3. — 2 Ibid., 26.

 

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pourquoi est-ce que les Personnes divines commencent seulement à se déclarer, quand il est question de former Adam ? est-ce qu'entre les créatures l'homme est la seule qui se peut vanter d'être l'ouvrage de la Trinité? Nullement, il n'en est pas de la sorte ; car toutes les opérations de la très-sainte Trinité sont inséparables. D'où vient donc que la Trinité très-auguste se découvre si hautement pour créer notre premier père, si ce n'est pour nous faire entendre qu'elle choisit l'homme entre toutes les créatures, pour y peindre son image et sa ressemblance ? De là vient que les trois Personnes divines s'assemblent pour ainsi dire et tiennent conseil pour former l’âme raisonnable, parce que chacune de ces trois Personnes doit en quelque sorte contribuer quelque chose de ce qu'elle a de propre pour l'accomplissement d'un si grand ouvrage.

En effet comme la Trinité très-auguste a une source et une fontaine de divinité, ainsi que parlent les Pères grecs (1), un trésor de vie et d'intelligence, que nous appelons le Père, où le Fils et le Saint-Esprit ne cessent jamais de puiser : de même l’âme raisonnable a son trésor qui la rend féconde. Tout ce que les sens lui apportent du dehors, elle le ramasse au dedans, elle en fait comme un réservoir, que nous appelons la mémoire. Et de même que ce trésor infini, c'est-à-dire le Père éternel, contemplant ses propres richesses, produit son Verbe qui est son image, ainsi l’âme raisonnable, pleine et enrichie de belles idées, produit cette parole intérieure que nous appelons la pensée, ou la conception, ou le discours, qui est la vive image des choses. Car ne sentons-nous pas, chrétiens, que lorsque nous concevons quelque objet, nous nous en faisons en nous-mêmes (a) une peinture animée, que l'incomparable saint Augustin appelle « le fils de notre cœur, » Filius cordis tui (2) ? Enfin comme en produisant en nous cette image qui nous donne l'intelligence, nous nous plaisons à entendre , nous aimons par conséquent cette intelligence ; et ainsi de ce trésor qui est la mémoire, et de l'intelligence qu'elle

 

1 S. Athan., Epist. de Synod., n. 41, 42; S. Greg. Nazianz., Oral, XLV, n. 5. — 2 De Trinit., lib. XI, cap. VII.

 

(a) Var. : A nous-mêmes.

 

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produit, naît une troisième chose qu'on appelle amour, en laquelle sont terminées toutes les opérations de notre âme. Ainsi du Père qui est le trésor, et du Fils qui est la raison et l'intelligence, procède cet Esprit infini qui est le terme de l'opération de l'un et de l'autre (a) : et comme le Père, ce trésor éternel, se communique sans s'épuiser ; ainsi ce trésor invisible et intérieur que notre âme renferme en son propre sein, ne perd rien en se répandant ; car notre mémoire ne s'épuise pas par les conceptions qu'elle enfante ; mais elle demeure toujours féconde, comme Dieu le Père est toujours fécond.

Or, encore que cette image soit infiniment éloignée de la perfection de l'original, elle ne laisse pas d'être très-noble et très-excellente, parce que c'est la Trinité même qui a bien voulu la former en nous; et de là vient qu'en produisant l'homme, qui par les opérations de son âme devait en quelque façon imiter celles de la Trinité toujours adorable, cette même Trinité d'un commun accord prononce cette parole sacrée, si glorieuse à notre nature : « Faisons l'homme à notre image et ressemblance. » C'est encore pour cette raison que le Fils de Dieu a voulu que les trois divines Personnes parussent dans notre nouvelle naissance, et que nous y fussions consacrés au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit (1). Admirez ici, chrétiens, les profonds conseils de la Providence dans le rapport merveilleux des divins mystères. Où est-ce que l'homme a été formé? Dans la création. Où est-ce que l'homme est réformé? Dans le saint baptême, qui est une seconde création, où la grâce de Jésus-Christ nous donne une nouvelle naissance, et nous fait des créatures nouvelles. Quand nous sommes formés premièrement par la création, la Trinité s'y découvre par ces paroles : a Faisons l'homme à notre image et ressemblance. » Quand nous sommes régénérés, quand le Saint-Esprit nous réforme dans les eaux sacrées du baptême, toute la Trinité y est appelée. La Trinité dans la création, la Trinité dans la régénération; n'est-ce pas afin (b) que nous comprenions que le Fils de Dieu rétablit en nous la première dignité de notre origine, et qu'il répare

 

1 Matth., XXVIII, 19.

 

(a) Var. : Qui est l'amour de l'un et de l'autre. — (b) C'est afin.

 

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miséricordieusement en nos âmes l'image de la Trinité adorable que notre création nous avait donnée, et que notre péché avait obscurcie?

Mais passons encore plus loin. Afin que la Trinité très-indivisible éclatât plus visiblement dans les hommes, il a plu à Notre-Seigneur Jésus-Christ que son Eglise en fût une image, comme la suite de ce discours le fera paraître. Qui est-ce qui nous a enseigné cette belle théologie? Chrétiens, c'est Jésus-Christ même qui nous l'a montrée dans les paroles que j'ai citées pour mon texte. « Père saint, dit-il à son Père, gardez ceux que vous m'avez donnés. » Qui sont ceux que le Père a donnés au Fils? Ce sont les fidèles, qui étant unis par l'Esprit de Dieu, composent cette sainte société que nous exprimons par le nom d'Eglise. « Gardez-les, dit-il, afin qu'ils soient un. » Ils sont un, dit le Fils de Dieu; c'est-à-dire que leur multitude n'empêche pas une parfaite unité. Et afin qu'il ne fût pas permis de douter que cette mystérieuse unité, qui doit assembler le corps de l'Eglise, ne fût l'image de cette unité ineffable qui associe les trois Personnes divines, Jésus-Christ l'explique en ces mots : « Qu'ils soient un, dit-il (1), comme nous; » et un peu après : « Comme vous, Père, êtes en moi et moi en vous, ainsi je vous prie qu'ils soient un en nous (2) ; » et encore : « Je leur ai donné, dit-il, la gloire que vous m'avez donnée, afin qu'ils soient un comme nous (3). » O grandeur! ô dignité de l'Eglise! ô sainte société des fidèles, qui doit être si parfaite et si achevée, que Jésus-Christ ne lui donne point un autre modèle que l'unité même du Père et du Fils, et de l'Esprit qui procède du Père et du Fils! Qu'ils soient un, dit le Fils de Dieu, non point comme les anges, ni comme les archanges, ni comme les chérubins, ni comme les séraphins ; « mais qu'ils soient, dit-il, un comme nous. » Entendons le sens de cette parole : comme nous sommes un dans le même être, dans la même intelligence, dans le même amour, ainsi qu'ils soient un comme nous; c'est-à-dire un dans le même être par leur nouvelle nativité, un dans la même intelligence par la doctrine de vérité, un dans le même amour par le lien de la charité. C'est de cette triple unité que j'espère vous entretenir aujourd'hui avec l'assistance divine.

 

1 Joan., XVII, 11. — 2 Ibid., 21. — 3 Ibid., 22.

 

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PREMIER  POINT.

 

Encore que la génération éternelle, par laquelle le Fils procède du Père, surpasse infiniment les intelligences de toutes les créatures mortelles, et même de tous les esprits bienheureux, toutefois ne laissons pas de porter nos vues dans le sein du Père éternel, pour y contempler le mystère de cette génération ineffable. Mais de peur que cette lumière ne nous aveugle, regardons-la comme réfléchie dans ce beau miroir des Ecritures divines, que le Saint-Esprit nous a préparé, pour s'accommoder à notre portée.

La première chose que je remarque dans la génération du Verbe éternel, c'est que le Père l'engendre en lui-même, contre l'ordinaire des autres pères, qui engendrent nécessairement au dehors. Nous apprenons des Ecritures, que le Fils procède du Père : « Je suis, dit-il, sorti de Dieu ». » Tout ce qui est produit, il faut qu'il soit tiré du néant, comme par exemple le ciel et la terre ; ou qu'il soit produit de quelque chose, comme les plantes et les animaux. Que le Fils unique de Dieu ait été tiré du néant, c'est ce que les ariens mêmes, qui niaient la divinité du Sauveur du monde, n'ont jamais osé avancer (2). En effet puisque le Verbe éternel est le Fils de Dieu par nature, il ne peut être tiré du néant ; autrement il ne serait pas engendré, il ne procéderait pas comme Fils ; et lui qui est le vrai Fils de Dieu, le Fils singulièrement et par excellence, et qui est appelé dans les Ecritures le propre Fils du Père éternel, ne serait en rien différent de ceux qui le sont par adoption. Par conséquent il est clair que le Fils de Dieu ne peut pas être tiré du néant, et ce blasphème serait exécrable. Que s'il n'a pas été tiré du néant, voyons d'où il a été engendré.

C'est une loi nécessaire et inviolable, que tout fils doit recevoir en lui-même quelque partie de la substance du père ; et c'est pourquoi quand nous parlons d'un fils à un père, nous disons que c'est un autre lui-même. Si donc mon Sauveur est le Fils de Dieu, qui ne voit qu'il doit être formé de la propre substance de Dieu? Mais ne concevons rien ici de mortel; éloignons de notre esprit et de nos pensées tout ce qui ressent la matière ; ne croyons pas

 

1 Joan., XVI, 27. — 2 S. Aug., cont. Maximin., lib. II, cap. XIV.

 

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que le Fils de Dieu ait reçu seulement en lui-même quelque partie de la substance du l'ère. Car puisqu'il est essentiel à Dieu d'être simple et indivisible, sa substance ne souffre point de partage ; et par conséquent si le Verbe, en cette belle qualité de Fils, doit participer nécessairement à la substance de Dieu son Père, il la reçoit sans division, elle lui est communiquée toute entière ; et le Père qui le produit du fond même de son essence, la répand sur lui sans réserve. Et d'autant que la nature divine ne peut être ni séparée ni distraite; si le Fils sortait hors du Père, s'il était produit hors de lui, jamais il ne recevrait son essence, et il perdrait le titre de Fils; de sorte que, afin qu'il soit Fils, il faut que son Père l'engendre en lui-même.

C'est ce que nous apprenons par les Ecritures. Dites-le-nous, bien-aimé Disciple, qui avez bu ces secrets célestes dans le sein et dans le cœur du Verbe éternel. « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu (1) ; » c'est-à-dire dès que le Verbe a été, il était en Dieu : il a donc été produit en Dieu même. C'est pourquoi il procède de Dieu comme son Verbe, comme sa conception, comme sa pensée, comme la parole intérieure par laquelle il s'entretient en lui-même de ses perfections infinies. Il ne peut donc pas être séparé de lui. Méditez cette admirable doctrine. Tout ce qui engendre est vivant ; engendrer, c'est une fonction de vie ; et la vie de Dieu, c'est l'intelligence : donc il engendre par intelligence. Or l'entendement n'agit qu'en lui-même ; il ne se répand point au dehors : au contraire, tout ce qu'il rencontre au dehors, il s'efforce de le ramasser au dedans. De là vient que nous disons ordinairement, que nous comprenons une chose, que nous l'avons mise dans notre esprit, lorsque nous l'avons entendue. Ainsi cette essence infinie, souverainement immatérielle, qui ne vit que de raison et d'intelligence, ne souffre pas que rien soit engendré en elle, si ce n'est par la voie de l'intelligence; et par conséquent le Verbe éternel, la sagesse et la pensée de son Père, étant produit par intelligence, naît et demeure dans son principe : Hoc erat in principio apud Deum (2).

C'est ce que le grave Tertullien nous explique admirablement

 

1 Joan. I, 1. — 2 Ibid., 2.

 

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dans cet excellent Apologétique. « Cette parole, dit ce grand homme », nous disons que Dieu la profère et l'engendre en la proférant. » Car c'est une parole substantielle, qui porte en elle-même toute la vertu, toute l'énergie, toute la substance du principe qui la produit : « Et c'est pourquoi, dit Tertullien, nous l'appelons Fils de Dieu, à cause de l'unité de substance. » Après il compare le Fils de Dieu au rayon que la lumière produit, sans rien diminuer de son être, sans rien perdre de son éclat; et il conclut « qu'il est sorti de la tige, mais qu'il ne s'en est pas retiré : » Non recessit, sed excessit. O Dieu ! mon esprit se confond ; je me perds, je m'abîme dans cet océan; mes yeux faibles et languissants ne peuvent plus supporter un si grand éclat. Reprenons, fidèles, de nouvelles forces, en reposant un peu notre vue sur des objets qui soient plus de notre portée.

Sainte société des fidèles, Eglise remplie de l'Esprit de Dieu , chaste épouse de mon Sauveur, vous représentez sur la terre la génération du Verbe éternel dans votre bienheureuse fécondité. Dieu engendre, et vous engendrez. Dieu, comme nous avons dit, engendre en lui-même ; sainte Eglise, où engendrez-vous vos en-fans? Dans votre paix, dans votre concorde, dans votre unité, dans votre sein et dans vos entrailles. Heureuse maternité de l'Eglise! Les mères que nous voyons sur la terre conçoivent, à la vérité , leur fruit en leur sein ; mais elles l'enfantent (a) hors de leurs entrailles. Au contraire la sainte Eglise, elle conçoit hors de ses entrailles, elle enfante dans ses entrailles. Un infidèle vient à l'Eglise, il demande d'être associé avec les fidèles; l'Eglise l'instruit et le catéchise ; il n'est pas encore en son sein, il n'est point encore en son unité ; elle n'enfante pas encore, mais elle conçoit. Ainsi elle ne conçoit pas en son sein ; aussitôt qu'elle nous enfante, nous commençons à être en son unité. C'est ainsi que vous engendrez, sainte Eglise, à l'imitation du Père éternel. Engendrer c'est incorporer; engendrer vos enfants, ce n'est pas les produire au dehors de vous; c'est en faire un même corps avec vous. Et comme le Père engendrant son Fils, le fait un même Dieu avec lui, ainsi les

 

1 Apolog., n. 21.

 

(a) Var. : Elles l'engendrent.

 

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enfants que vous engendrez vous les faites ce que vous êtes, en formant Jésus-Christ en eux. Et comme le Père engendre le Fils en lui communiquant son même être, ainsi vous engendrez vos enfants en leur communiquant cet être nouveau que la grâce vous a donné en Notre-Seigneur Jésus-Christ : Ut sint unum sicut et nos. Ce que je dis du Père et du Fils, je le dis encore du Saint-Esprit, qui sont trois choses et la même chose. C'est pourquoi saint Augustin dit : « En Dieu il y a nombre, en Dieu il n'y a point de nombre. Quand vous comptez les trois Personnes, vous voyez un nombre; quand vous demandez ce que c'est, il n'y a plus de nombre; on répond que c'est un seul Dieu. Parce qu'elles sont trois, voilà comme un nombre; quand vous recherchez ce qu'elles sont, le nombre s'échappe, vous ne trouvez plus que l'unité simple : » Quia tres sunt, tanquam est numerus : si quœris quid très, non est numerus (1). Ainsi en est-il de l'Eglise. Comptez les fidèles, vous voyez un nombre. Que sont les fidèles? il n'y plus de nombre; ils sont tous un même corps en Notre-Seigneur ; « il n'y a plus ni Grec, ni Barbare, ni Romain, ni Scythe ; mais un seul Jésus-Christ qui est tout en tous (2) : » Ut sint unum sicut et nos.

 

SECOND POINT.

 

Contemplons dans les Ecritures comment le Fils et le Saint-Esprit reçoivent continuellement en eux-mêmes la vie et l'intelligence du Père. Et premièrement pour le Fils, voici comment il parle dans son Evangile en saint Jean : «En vérité, en vérité je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, et il ne fait que ce qu'il voit faire à son Père. Et tout ce que le Père fait, le Fils le fait semblablement. Car le Père aime le Fils, et il lui montre tout ce qu'il fait (3). » Quand nous entendons ces paroles, aussitôt notre faible imagination se représente le Père opérant, et le Fils regardant ses œuvres, à peu près comme un apprenti qui s'instruit en voyant travailler son maître ; mais si nous voulons entendre les secrets divins, détruisons ces idoles vaines et charnelles que l'accoutumance des choses humaines élève en nos cœurs ; détruisons,

 

1 In Joan., tract. XXXIX, n. 4. — 2 Coloss., III, 11. — 3 Joan., V, 19, 20.

 

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dis-je, ces idoles par le foudre des Ecritures. Si le Père agissait premièrement, et que le Fils le regardât faire, et après qu'il agit lui-même à l'imitation de son Père, il s'ensuivrait nécessairement que leurs opérations seraient séparées. Or nous apprenons par les Ecritures que « tout ce que le Père fait est fait par son Fils : « Omnia peripsum facta sunt, et sine ipso factum est nihil (1) : « Par lui toutes choses ont été faites, sans lui rien n'a été fait : » Omnia per ipsum facta sunt ; et c'est pourquoi il nous dit lui-même : « Tout ce que le Père fait, le Fils le fait semblablement. » Si le Fils fait tous les ouvrages que fait son Père, leurs actions ne peuvent point être séparées. Et il ne se contente point de nous dire qu'il fait tout ce que fait le Père ; mais tout ce que le Père fait, dit-il, le Fils le fait semblablement. Les caractères que la main forme, c'est la plume qui les forme aussi ; mais elle ne les forme pas semblablement; la main les forme comme la cause mouvante, et la plume comme l'instrument qui est mu. A Dieu ne plaise que nous croyions qu'il en soit ainsi du Père et du Fils : « Tout ce que le Père fait, dit Notre-Seigneur, cela même le Fils le fait semblablement, » c'est-à-dire avec la même puissance, avec la même sagesse et par la même opération : Hoc et Filius similiter facit.

D'où vient que vous dites, ô mon Sauveur : Le Fils ne peut rien faire de lui-même, sinon ce qu'il voit faire à son Père, et le Père montre à son Fils tout ce qu'il fait? Quelle est cette merveilleuse manière par laquelle vous contemplez votre Père, par laquelle vous voyez en lui tout ce que vous faites et tout ce qu'il fait ? Comment est-ce qu'il vous parle et qu'il vous enseigne ? Et puisque vous êtes Dieu comme lui, d'où vient que vous ne faites rien de vous-même? Qui nous développera ces mystères? Ecoutons parler le grand Augustin : Le Fils, dit-il (2), ne fait rien de lui-même , parce qu'il n'est pas de lui-même. Celui qui lui communique son essence, lui communique aussi son opération. Et encore qu'il reçoive tout de son Père, il ne laisse pas d'être égal au Père, parce que le Père qui lui donne tout, lui donne aussi son égalité. Le Père lui donne tout ce qu'il est, et l'engendre aussi grand que

 

1 Joan., I, 3. — 2 In Joan., tract. XX, n. 4; De Trinit., lib. II, n. 3,

 

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lui, parce qu'il lui donne sa propre grandeur. C'est ainsi ô Père céleste, que vous enseignez votre Fils, parce que vous lui donnez sans réserve la même science qui est en vous.

Mais entendons ce secret, mes Frères, selon la mesure qui nous est donnée, et autant qu'il a plu à Dieu de nous le révéler par les Ecritures. Il est clair que celui qui enseigne veut communiquer sa science : par exemple, les prédicateurs, que l'Esprit de Dieu établit pour enseigner au peuple la saine doctrine, pourquoi montent-ils dans les chaires? N'est-ce pas afin de faire passer les lumières que Dieu leur donne, dans l'esprit de leurs auditeurs? C'est ce que prétend celui qui enseigne. Il ouvre son cœur à ceux qui l'écoutent, il tâche de les rendre semblables à lui, il veut qu'ils prennent ses sentiments et qu'ils entrent dans ses pensées; et ainsi celui qui enseigne et celui qui est enseigné doivent se rencontrer ensemble, et s'unir dans la participation des mêmes lumières. Par conséquent la méthode d'enseigner tend à l'unité des esprits dans la science et dans la doctrine ; et ce que j'ai dit est très-véritable, que celui qui veut enseigner veut communiquer sa science. Mais ni la nature ni l'art ne font qu'ébaucher cet ouvrage ; cette communication est très-imparfaite, et cette unité n'est que commencée. Cette entière communication de science ne se peut trouver qu'en Dieu même. C'est là que le Père enseigne le Fils d'une manière infiniment admirable, parce qu'il lui communique sa propre science. Là se fait cette parfaite unité d'esprit entre le Père et le Fils, parce que la vie et l'intelligence, la raison et la lumière du Père se trouvent tellement dans le Fils, qu'il ne se fait de l'un et de l'autre qu'une même vie, une même intelligence et un même esprit. C'est pourquoi le Père enseignant et le Fils qui est enseigné sont également adorables, parce que le Fils reçoit cette même science du Père, qui ne souffre aucune imperfection.

Et ne nous imaginons pas, chrétiens, que lorsque le Père enseigne le Fils, il lui communique (a) la science comme la perfection de son être. Comme il l'engendre parfait, il lui donne tout en l'engendrant. Bien plus, si nous le savons bien entendre,

 

(a) Var. : Que le Père après avoir engendré son Fils, lui communique.

 

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« l'engendrer et l'enseigner, c'est la même chose : » Hoc est eum docuisse, quod est scientem genuisse, dit saint Augustin (1). Vous me direz qu'engendrer et enseigner sont des termes bien opposés. Il est vrai dans les créatures, où il est certain qu'engendrer n'est pas un acte d'intelligence; mais en Dieu dont la vie est intelligence, qui engendre conséquemment par intelligence, il ne se faut pas étonner si en enseignant il engendre. Car s'il enseigne son Fils éternel en lui communiquant sa propre science, il l'engendre en lui communiquant sa propre science, parce qu'à l'égard de Dieu, être c'est savoir, être c'est entendre, comme enseigne la théologie. D'où il s'ensuit manifestement que cela même que le Père enseigne le Fils, prouve l'unité du Père et du Fils dans la vie de l'intelligence. Il en est de même du Saint-Esprit, puisqu'il procède du Père et du Fils avec la même perfection que le Fils reçoit de son Père. Ainsi le Père, le Fils et le Saint-Esprit, même lumière, même majesté, même intelligence, vivent tous ensemble d'entendre, et tous ensemble ne sont qu'une même vie.

« Père saint, dit le Fils de Dieu, gardez en votre nom ceux que vous m'avez donnés, afin qu'ils soient un comme nous; » c'est-à-dire qu'ils soient comme nous unis dans la même vie de l'intelligence. Mais pouvons-nous bien espérer que tous les fidèles doivent être unis dans la vie de l'intelligence? Oui, certes nous le devons espérer. Regardez les esprits bienheureux qui règnent au ciel avec Jésus-Christ ; quelle est leur vie, quelle est leur lumière? « Leur lumière, dit l’Apocalypse (2), c'est l'Agneau, » c'est-à-dire le Verbe incréé qui s'est fait la victime du monde. Donc la lumière des bienheureux, c'est ce Verbe, cette parole que le Père profère dans l'éternité. Mais ce Verbe n'est pas une lumière qui soit allumée hors de leurs esprits, c'est une lumière infinie qui luit intérieurement dans leurs âmes. En cette lumière ils y voient le Fils, parce que cette lumière c'est le Fils même. En cette lumière ils y voient le Père, parce que c'est la splendeur du Père : « Qui me voit, dit le Fils de Dieu (3), voit mon Père. » Ils y voient le Saint-Esprit en cette lumière, parce que le Saint-Esprit en procède. En cette lumière ils s'y contemplent eux-mêmes, parce qu'ils se

 

1 In Joan., tract. XL, n. 5. — 2 Apoc., XXI, 23. — 3 Joan., XIV, 9.

 

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trouvent en elle plus heureusement qu'en eux-mêmes; ils y voient les idées vivantes, ils y voient les raisons des choses créées raisons éternellement permanentes; et de même qu'en cette vie nous connaissons les causes par les effets, l'unité par la multitude l'invisible par le visible; là, dans ce Verbe qui est dans les bienheureux, qui est leur vie, qui est leur lumière, ils voient la multitude dans l'unité même, le visible dans l'invisible, la diversité des effets dans la cause infiniment abondante qui les a tirés du néant ; c'est-à-dire dans le Verbe qui en est l'idée, qui est la raison souveraine par laquelle toutes choses ont été faites. Dans ce Verbe, les bienheureux voient, ils voient et ils vivent ; et ils vivent tous dans la même vie, parce qu'ils vivent tous dans ce même Verbe. O vue ! ô vie! ô félicité! c'est ainsi que vivent les bienheureux : Ut sint unum sicut et nos.

Mais nous qui languissons ici-bas dans ce misérable pèlerinage, vivons-nous d'une même vie par l'intelligence? Oui, fidèles, n'en doutez pas. Ce Fils de Dieu, ce Verbe éternel, cette vie, cette lumière, cette intelligence, qui éclaire les esprits bienheureux; qui en les éclairant, les fait vivre d'une vie divine, ne luit elle pas aussi en nos cœurs? N'est-elle pas au fond de nos âmes, pour y ouvrir une source de vie éternelle? Voulez-vous entendre cette vérité par l'action que nous faisons en ce lieu? Chrétiens, si nous l'entendons, nous commençons ici notre paradis; puisque nous commençons tous ensemble à vivre de cette parole vivante qui nourrit et qui fait vivre tous les bienheureux. Je vous prêche cette parole, selon que je puis, selon que le Saint-Esprit me l'a enseignée. Je la fais retentir à vos oreilles; puis-je la porter au fond de vos cœurs? Nullement, ce n'est pas un ouvrage humain. Si vous l'entendez et si vous l'aimez, c'est le Fils de Dieu qui vous parle, c'est lui qui vous prêche sans bruit dans cette profonde retraite, dans cet inaccessible secret de vos cœurs, où il n'y a que sa parole et sa voix qui soit capable de pénétrer. Si vous l'entendez, vous vivez, et vous vivez en ce même Verbe dans lequel les bienheureux vivent ; vous vivez en lui, vous vivez de lui, et vous vivez tous d'une même vie, parce que vous buvez tous ensemble à la même source de vie. O sainte unité des

 

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fidèles ! Mon Père, qu'ils soient un comme nous dans la vie de

l'intelligence. Chrétiens, si nous vivons tous de ce Verbe (a).....

O sainte et admirable doctrine! Vivons de telle sorte, fidèles, qu'elle ne soit point stérile en nos cœurs, et ne rendons point inutiles tant de grands mystères. Si le Saint-Esprit est en nous, s'il y opère la charité, s'il la fait semblable à lui-même, élevons nos entendements, et apprenons dans le Saint-Esprit quelles doivent être les lois de notre charité mutuelle. Le Saint-Esprit est un amour pur, qui ne souffre aucun mélange terrestre. Ainsi, mes Frères, aimons-nous en Dieu, pour accomplir la parole de notre Maître: «Père saint, qu'ils soient un en nous. » Le Saint-Esprit est un amour constant, parce que c'est un amour éternel; ainsi, que notre affection soit constante, que jamais elle ne puisse être refroidie, selon cette parole de l'Ecriture : « Demeurez en la charité (1). » Le Saint-Esprit est un amour sincère; parce qu'il procède du fond du cœur, du fond même de l'essence ; ainsi, que notre charité soit sincère, qu'elle ne souffre ni feinte, ni dissimulation, parce que l'apôtre saint Paul a dit :  a Ne vous trompez point les uns les autres, car vous êtes membres les uns des autres (2). «Enfin le Saint-Esprit est un amour désintéressé, parce que ce qui fait l'intérêt c'est ce malheureux mot de mien et de tien ; et d'autant que tout est commun entre le Père et le Fils, leur amour est infiniment désintéressé : ainsi considérons, chrétiens, que tout est commun entre les fidèles, et épurons tellement nos affections qu'elles soient entièrement désintéressées : Ut sint unum sicut et nos.

Certes, mes Frères, si le Fils de Dieu s'était contenté de nous dire qu'il veut que nous soyons un comme fières, nous devrions respecter les uns dans les autres ce nom sacré de sœurs et de frères, et le nœud de la société fraternelle. S'il nous avait ordonné simplement de vivre dans une mutuelle correspondance, comme des personnes qui sont enrôlées dans un même corps de milice, sous l'étendard de sa sainte croix, nous devrions rougir de honte de n'être pas tous unis ensemble sous les ordres d'un si divin capitaine. S'il nous avait dit seulement que nous sommes membres

 

1 Joan. XV, 9; Hebr., XIII, 1. — 2 Ephes., IV, 25.

 

(a) Mots effacés : Qui nous parle à tous, ne restons jamais...

 

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d'un même corps, nous devrions méditer jour et nuit cette parole du saint Apôtre : « Quand une partie de notre corps souffre, toutes les autres y compatissent (1). » Mais puisqu'il passe au-dessus des cieux et de toutes les intelligences, et qu'il nous donne pour modèle de notre unité l'unité même du Père et du Fils, qui pourrait nous exprimer, chrétiens, quelle doit être notre union, et combien nous nous rendrons criminels, si nous rompons le sacré lien de la charité fraternelle qui doit être réglée sur ce grand exemple ?

Mais comme si c'était peu de chose de proposer à tous les fidèles le plus grand de tous les mystères pour être le modèle de leur unité, il scelle encore cette unité sainte par un autre mystère incompréhensible, qui est le mystère de l'Eucharistie. Nous venons tous à la même table, nous y prenons ce même pain de vie qui est le pain de communion, le pain de charité et de paix ; nous jurons sur les saints autels, nous scellons par le sang de notre Sauveur notre confédération mutuelle; cependant, ô sacrilège exécrable ! nous manquons tous les jours à la foi promise, et nous ne laissons pas d'avoir toujours, et la médisance à la bouche et l'envie ou l'aversion dans le cœur. Le Sauveur nous dit dans son Evangile : « En cela on reconnaîtra que vous êtes vraiment mes disciples, si vous avez une charité sincère les uns pour les autres (2) ; » et il prie ainsi Dieu son Père: « Je vous demande qu'ils soient consommés en un, afin que le monde sache que c'est vous qui m'avez envoyé (3). »

O  damnable infidélité de ceux qui se glorifient du nom chrétien! les chrétiens se détruisent eux-mêmes; toute l'Eglise est ensanglantée du meurtre de ses enfants, que ses enfants propres massacrent ; et comme si tant de guerres et tant de carnages n'étaient pas capables de rassasier notre impitoyable inhumanité, nous nous déchirons dans les mêmes villes, dans les mêmes maisons, sous les mêmes toits, par des inimitiés irréconciliables. Nous demandons tous les jours la paix, et nous-mêmes nous faisons la guerre. Car d'où viennent tant d'envies, tant de médisances, tant de querelles et tant de procès? Les parents s'animent contre les

 

1  I Cor., XII, 26. — 2 Joan., XIII, 35. — 3 Ibid., XVII, 21, 23.

 

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parents, et les frères contre les frères, avec une fureur implacable ; on emploie et les médisances et les calomnies, et la tromperie et la fraude ; la candeur et la bonne foi ne se trouvent plus parmi nous; toutes les rues, toutes les places, tous les cabinets retentissent du bruit des procès ; infidèles si féconds en chicanerie que nous sommes, tant nous avons oublié le christianisme, tant nous méprisons l'Evangile qui est une discipline de paix. Cependant nous souhaitons la paix, nous avons sans cesse la paix à la bouche; et nous faisons régner par nos dissensions le diable, qui est l'auteur des discordes; et nous chassons l'Esprit pacifique, c'est-à-dire l'Esprit de Dieu. Que si vous avez voulu, mon Sauveur, que la sainte union des fidèles fût la marque de votre venue, que font maintenant tous les chrétiens, sinon publier hautement que votre Père ne vous a pas envoyé, et que l'Evangile est une chimère, et que tous vos mystères sont autant de fables ?

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