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EXORDE D'UN SERMON
POUR LE PREMIER DIMANCHE DE L’AVENT.
Tunc videbunt Filium hominis
venientem in nube, cum potestate magnâ et majestate.
Alors ils verront le Fils de
l'homme venir sur une nuée. avec une grande puissance et une grande gloire.
Luc., XXI, 27.
Il y a cette différence, parmi
beaucoup d’autres, entre la gloire de Jésus-Christ et celle des grands du monde,
que la bassesse étant en ceux-ci du fond même de la nature et la gloire
accidentelle et comme empruntée, leur élévation est suivie d'une chute
inévitable et qui n'a point de retour; au lieu qu'en la personne du Fils de
Dieu, connue la grandeur est essentielle et la bassesse empruntée, ses chutes,
qui sont volontaires, sont suivies d'un état de gloire certain et d'une
élévation toujours permanente. Ecoutez comme parle l'Histoire sainte de ce grand
roi de Macédoine dont le nom même semble respirer les victoires et les
triomphes. En ce temps Alexandre, fils de Philippe, défit des années presque
invincibles, prit des forteresses imprenables, triompha des rois, subjugua les
peuples, et toute la terre se tut devant sa face, saisie d'étonnement et de
frayeur (1). Que ce commencement est superbe, auguste! mais voyez la conclusion.
Et après cela, poursuit le texte de l'historien sacré, il tomba malade, et se
sentit défaillir, et il vit sa mort assurée, et il partagea ses Etats que la
mort lui allait ravir, et ayant régné douze ans il mourut. C'est à quoi aboutit
toute cette gloire ; là se termine l'histoire du grand Alexandre. L'histoire de
Jésus-Christ ne commence pas à la vérité d'une manière si pompeuse; mais elle ne
finit pas aussi par cette nécessaire décadence. Il est vrai qu'il y a des
chutes. Il est comme tombé du sein de son Père dans celui d'une femme mortelle,
de là dans une étable, et de là encore par divers degrés de bassesse jusqu'à
l'infamie de la croix, jusqu’à l’obscurité du tombeau. J'avoue qu'on ne pouvait
pas tomber
1 I Machab., I, 1-8.
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plus bas ; aussi n'est-ce pas là le terme où il aboutit,
mais celui d'où il commence à se relever. Il ressuscite, il monte aux deux, il y
entre en possession de sa gloire; et afin que cette gloire qu'il y possède soit
déclarée à tout l'univers, il en viendra un jour en grande puissance juger les
vivants et les morts.
C'est cette suite mystérieuse
des bassesses et des grandeurs de Jésus-Christ que l'Eglise a dessein de nous
faire aujourd'hui remarquer, lorsque dans ce temps consacré à sa première venue
dans l'infirmité de notre chair, elle nous fait lire d'abord l'Evangile de sa
gloire et de son avènement magnifique, afin que nous contemplions ces deux états
dissemblables dans lesquels il lui a plu de paraître au monde, premièrement le
jouet, et ensuite la terreur de ses ennemis; là jugé comme un criminel, ici juge
souverain de ses juges mêmes. Suivons, Messieurs, les intentions de l'Eglise;
avant que de contempler combien Jésus-Christ est venu faible, considérons
aujourd'hui combien il apparaîtra redoutable; et prions la divine Vierge, dans
laquelle il s'est revêtu miséricordieusement de notre faiblesse, de vouloir nous
manifester le mystère de sa grandeur, en lui disant avec l'ange : Ave.
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